Et bien, me voilà au pied du mur. Organiser une sortie était déjà pour moi une nouvelle expérience, et voilà que je récidive quelques semaines plus tard. Avec le souci constant d’innover et de surprendre. Donc, j’ai réfléchi à un itinéraire en espérant qu’il convienne au plus grand nombre.
Et pour couronner le tout, comme d’aucuns ont, semble-t-il, été sensibles à mon premier compte rendu, je me dois là aussi de faire mieux…
Autant vous le dire tout de suite, même si je suis motard dans l’âme, et du style roule toujours, je pense, j’aime aussi les autos performantes. Et dans un passé pas si lointain, j’ai rêvé de faire du rallye. Comme nous habitons une région riche en manifestations de ce genre (entre le « Monte Carlo », le « Jean Behra », le « Grasse Alpin », le « Rallye d’Antibes », nous sommes gâtés), tout naturellement quand j’établis un itinéraire, l’idée d’emprunter une spéciale me vient à l’esprit.
C’est pourquoi aujourd’hui nous sommes passés au col de la Madeleine (ancienne spéciale du Monte Carlo et autre rallye d’Antibes).
Eprouvez-vous les mêmes sensations que moi ? Immuable rituel : d’abord passer le tour de cou (en hiver), puis fermer le blouson bien serré sur le cou, resserrer les manches du blouson de manière qu’elles entrent facilement dans les gants, enfiler le casque et l’ajuster sur la tête, mettre les gants. Tout comme le toréador revêt son habit de lumière pour entrer dans l’arène, le motard a les attributs de sa fonction… Et à chaque fois, je ressens toujours le même petit pincement au cœur et déjà l’adrénaline monte. Et quand enfin on lance le moteur, le plaisir est à son comble…
Donc, rassemblement sur le parking de Cap 3000. Désolé, au contraire de la première fois où j’ai organisé une balade, j’arrive en retard de quelques minutes au rendez-vous, et pour cause, je suis parti d’Aix en Provence à 7 H 20 (quand je vous disais que j’étais un roule toujours…).
Fort heureusement, tout le monde n’est pas encore arrivé et je me sens un peu moins honteux.
Chaque nouvel arrivant s’enquière auprès de Jean Marc de l’état de santé de Muriel, qui fort heureusement s’améliore, ce que nous lui souhaitons tous.
C’est avec plaisir que j’annonce l’itinéraire, et comme le beau temps est de la partie, tout se présente au mieux.
Après une traversée de Nice sans souci, même si certains craignaient quelques égarements, nous attaquons la montée de la grande corniche. A la sortie de la ville, je libère les ardeurs des plus véloces pour la première partie plaisir. Toutefois, certaines courbes à l’ombre présentant des traces d’humidité, la prudence s’impose. Peu avant d’arriver au Col d’Eze, nous profitons pleinement du spectacle que nous offre le panorama sous le soleil, en témoignent les superbes photos d’Annick.
Descente très calme sur la moyenne corniche, via Eze. Route que nous quittons quelques encablures plus loin pour remonter sur La Turbie, où une pause café s’impose. A cette occasion, les commentaires vont bon train sur l’organisation de la sortie ski du week-end prochain et qui semble assez compromise vu le nombre de participants.
Conscient de la vitesse moyenne relativement lente que nous aurons sur les routes que j’ai décidé d’emprunter, bientôt je donne le signal du départ, simplement en me levant et en me préparant (Ah, ce rituel…). Au passage, je me fais un peu chambrer pour mon impatience. En fait ce n’est pas de l’impatience mais je voulais accomplir la boucle avant de déjeuner, mais visiblement, ce n’était guère réalisable. Surtout que Jean Marc, inquiet, me demande si j’ai prévu des pauses… à son air contrit, je comprends qu’une sortie en groupe n’est pas un relais d’une épreuve d’endurance !
En quittant La Turbie, nous nous engageons sur cette jolie petite route qui mène à Peille, que nous n’atteignons pas, puisque nous bifurquons juste avant vers St Agnès, via le Col de la Madeleine. Quel contraste ! Après avoir dominé la grande bleue, nous voilà à présent sur une petite route de moyenne montagne, et chaque virage nous offre un nouveau panorama : tantôt la vue d’une carrière, tantôt celle de sommets enneigés, tantôt celle de vallons recouverts de forêts de chêne lièges, pins et autres essences. Comment ne pas apprécier une telle région ?
Encore une fois les photos d’Annick appuieront mes propos.
La descente à partir de St Agnès sur une route un peu plus large, au revêtement de meilleure qualité, nous mène à la périphérie de Menton. Et là, c’est avec plaisir que nous empruntons l’itinéraire indiquant l’accès à l’autoroute : car à ce moment-là, cette petite route semble jouer avec la voie rapide (l’autoroute), passant et repassant dessous, la longeant même à un certain moment, nous offrant au passage la vue impressionnante d’ouvrages d’art, témoins de la créativité des hommes.
Fête du Citron oblige, l’échangeur de l’autoroute est très chargé en véhicules. Heureusement que nous arrivons à nous extirper rapidement de cette circulation. Pour attaquer la montée vers le col de Castillon. Là, c’est un régal, au moins pendant les premiers kilomètres : route large, belles courbes, revêtement en bon état… assurément cette portion aurait pu être une partie plaisir ! Plus on se rapproche du col, plus la route se rétrécit (c’est relativement fréquent). Dans la descente la vigilance est de rigueur car les parties à l’ombre, versant au nord oblige, sont relativement nombreuses.
Comme prévu, à la sortie de Sospel, j’entraîne à ma suite cette ribambelle de motos sur la jolie petite route (une de plus) qui nous mènera à Vintimille, via Olivetta san Michele et la vallée de la Roya. Cela fait déjà un petit moment que nous roulons et je profite du passage d’un petit col pour faire une halte. Passagères et fumeurs semblent apprécier. Pour ma part, n’étant ni passagère ni fumeur, j’aurais pu continuer sans problèmes… quoique, la pause pipi, ça a du bon parfois… sourires. Je suis ravi de constater que certains ne connaissaient pas cette route et que tous la trouvent sympa. Je prends conscience que nous n’aurons pas le temps matériel de réaliser l’intégralité de la boucle que j’avais prévue avant le repas.
Donc, après avoir pris le temps d’une pause salvatrice, nous redescendons tranquillement sur Vintimille. Où nous nous retrouvons bientôt sur le bord de mer, au soleil, avec une température quasi estivale, et je troque bien volontiers mon pull à col roulé pour un tee shirt à l’effigie du club. En avance sur l’horaire prévu pour le repas, le restaurateur nous fait patienter un peu. Compte tenu des conditions météo, cela n’a rien de désagréable.
Ambiance sympa au resto, sourires de circonstances quand les plats de pâtes arrivent sur la table (certaines photos d’Annick témoignent des mines réjouies de certains convives).
Au cours de ce repas, j’aurais le bonheur d’apprendre, de la bouche même d’une pratiquante émérite, j’ai nommé Gwenaëlle, que le saut à l’élastique procure des sensations quasi orgasmiques, ce qui nous a bien fait rire en bout de table !
Vu le nombre de personnes qui prennent des cartes de ce resto en partant, je pense que j’ai vu juste en le choisissant.
Traversée de Vintimille un peu difficile, vu la densité de circulation qu’il y a en Italie, petit pays du point de vue géographique, mais très peuplé. Vigilance aussi, car la conduite à « l’italienne » est assez particulière.
Heureusement, rapidement la route serpente agréablement dans cette vallée verdoyante, et après Pina, la circulation se fait moindre. Montée vers le col Langan très agréable. J’ai toutefois un léger regret : lors de la reconnaissance, que j’ai effectuée le 10 février, les sommets au loin étaient beaucoup plus enneigés et le spectacle beaucoup plus grandiose. Bien évidemment une halte s’impose au col (au moins pour la cigarette, les petits problèmes de prostate et bien sûr la traditionnelle photo souvenir : « nous y étions… »). Le col est sec, par rapport à la reco cela change, puisque ce jour-là, tous les abords étaient sous un manteau blanc immaculé. Seules subsistent quelques rares traces sur les bas côtés dans la descente qui se situe sur le versant nord. Par contre l’asphalte est copieusement humide et gras à souhait, ce qui nous oblige à la plus grande prudence.
Arrivés dans la vallée, la route s’assèche et nous pouvons enrouler sur un bon rythme. Ce qui nous amène en bord de mer, peu avant San Remo. Et là, galère ! Car fin de journée oblige, les promeneurs du dimanche rentrent, et ils sont nombreux ici. A San Remo, je me plante un peu, mais cela a au moins le mérite de nous faire découvrir un quartier plutôt sympa (en même temps, si je ne l’avais pas dit, qui s’en serait aperçu ?). A l’entrée de Vintimille, certains s’inquiètent du moment où nous allons faire le plein. Menton est toute proche et tout va pour le mieux de ce côté-là, si ce n’est un peu d’attente à la station. Le pompiste nous alarme sur le fait que la ville va être difficile à traverser (accès à l’autoroute bloqué du fait de la remontée des chars du corso). Je sens un peu de lassitude chez certains (la traversée des villes italiennes y est certainement pour quelque chose, j’y penserai à l’avenir).
Malgré tout, nous arrivons à nous extirper de cet ultime embouteillage et prenons la direction de la grande corniche via Roquebrune. Arrivés sur cette route, nous sommes surpris par les conditions météo qui ont énormément changé : nous sommes carrément dans le brouillard, et la nuit étant proche, les conditions de visibilité ne sont pas optimales. Après la sensation d’être en été au moment du déjeuner, nous avons l’impression d’être au cœur de l’hiver ! Mais nous enroulons sans difficultés jusqu’à La Turbie, où d’un commun accord, lors du ravitaillement, nous convenons de nous séparer.
Routes sinueuses, densité de la circulation sur la fin, je pense que tout le monde a apprécié la douche réparatrice après cette balade. Pour ma part, une fois de plus, j’ai été ravi de concocter cette sortie, et j’ai déjà dans la tête une idée pour une prochaine fois… quand je vous disais que j’étais un roule toujours ! (Avec une autre « spéciale » ? Allez savoir…)
Patrick
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